Extrait 15 : Eiséop m'a soufflé...
"Un jour je t'ai dit : mes mots sont comme un flot difficile à canaliser, ils sortent et jaillissent tôt le matin clairs et puissants fulgurants et violents impossible à endiguer, ils s'écoulent si vite que pour les voir les retenir je me commande d'écrire.
Résurgence nos écrits ne sont que résurgence.
Tant de résurgences mais la source première où est- elle?
Dans l'Ode à la vie, Ode à la joie?
Dans Le poème premier Le cantique des cantiques ?...
Relire lire les grands poètes d'ici et d'ailleurs et comprendre.
Mes mots ne sont que résurgence d'une source bien plus grande que moi
Toi Gide dans les pensées de Nathanaël tu as soufflé mes voiles pour un long voyage à travers les mots,
Un grand voyage sur la route de Soi, un grand voyage sur la route des épices, du sel de la vie.
« Départ difficile dans la demi-clarté d'avant l'aube. Grelottement de l'âme et de la chair. Vertige. On cherche ce qu'on pourrait bien emporter encore. »
Qu’est-ce que j’aime tant dans les départs : « L'avant-goût de la fin. »
Non, ce n'est pas tant de voir autre chose qui me plaît, c’est surtout de me séparer de ce que je croyais indispensable et de ne choisir que le nécessaire pour partir légère.
Attente, espérance de découverte devraient être mes seules vraies possessions.
Quand j’avance tranquillement, je ne comprends plus le mot : solitude ; être seul en moi, c'est n'être plus personne alors que je suis peuplée par tant de facettes ! D'ailleurs je me sens bien partout et c’est le désir de revenir dans ma caverne qui me chasse de l’ailleurs. Le plus beau souvenir ne m'apparaît que comme un bois flotté du bonheur. La moindre goutte d'eau, fût-ce une larme, dès qu'elle mouille ma main, me devient une pierre précieuse, une réalité et je me sens riche de cette perle qui n’existe pas.
Nathanaël, pour toi je m’émerveille de tout et ça m’occupe trop ça m’occupe tant ! Je suis lasse de chercher à comprendre. Quand ai-je pensé que j’aurai voulu être pareil à toi ? Mais je n'aime en toi que ce qui diffère de moi. M’éduquer, m’apprendre, le pourrais-tu seulement ? Je n’ai que 7 ans et ne grandirai jamais. Je continue à désapprendre puis à apprendre, je suis invivable, je cherche et je suis dans l’enthousiasme quand je crois découvrir une autre forme de communication, nouvelle pour moi. Alors je m’aime dans ce que je pourrais faire mais jamais dans ce que j’ai déjà fait.
Je me réveille avec des idées de création plein la tête et je m’endors avec et quand je me réveille, une réponse est trouvée. Mais le lendemain, nouvelle épreuve, nouvelle recherche. La passion me dévore.
Car je te le dis chaque désir, chaque envie qui me prouve que je suis bien en vie, m’a plus enrichie que la possession toujours inutile de la chose de mon désir.
Tandis que d’autres publient, exposent, je passe mes journées à m’émerveiller d’un lever de soleil, d’une montagne enneigée, d’une photo, d’une peinture, d’un dessin que je crois réussi, d’un écrit qui me parle, du travail des autres.
Je crois avoir tout oublié du peu que j’ai appris à l’école ou que des adultes « savants » m’ont donné comme des certitudes, je suis vieille mais j’ai toujours 7 ans je me suis arrêtée dans les apprentissages et je découvre à mon rythme et mon rythme est lent et fait souvent marche arrière. Tant de choses m’intéressent et m’émerveillent que c’est vivre de peu qui me passionne.
Quand je suis mélancolique c’est que ma passion du moment est retombée mais vite j’en ramasse une autre et je suis dans l’euphorie de cette nouvelle découverte.
Veux-tu que je te parle de mon aube, celle où tout est possible, celle ou écrire est plaisir, flot limpide et automatique d’une écriture fluide et sans ratures ? Ecrire est une évidence. Et vis, danse, la vie se chante et se danse, la vie doit être un avant goût de la mort, un apéritif pris chaque jour pour mettre en appétit de vivre jusqu’à la mort qu’on sait certaine mais dont on ne connaît ni l’heure ni le lieu et c’est ça la part de mystère le merveilleux. Le fait de savoir ça me suffit, je profite de ce temps qui m’est encore donné comme d’un bonbon que je suce, douceur qui un jour aura toute fondue. Oui, c’est tout cela qui donne un si bon goût à mes journées de vie.
Dans la petite mort qu’est le sommeil il y a d’admirables préparatifs au sommeil, les préliminaires, l’acte d’amour, un bon repas avec des mets raffinés mais légers, quelques gouttes de bon vin, tout cela est admirable mais il n’y a pas d’admirables sommeils. Le sommeil je l’aime quand le rêve est si présent que je le crois réalité. Et le plus beau sommeil calme et doux ne vaut pas le moment où je me réveille. Et, confidence, je me réveille trois fois dans ma nuit et trois fois j’ai des réveils éblouis où j’écris mon rêve de mots, mon rêve de petite nuit. Et je me rendors jusqu’au vrai réveil lever qui est toujours lumineux. Je suis créative infatigable avec papier écriture bout de ficelle collages peinture dessin couleurs divagations…
Je dis que dans mon atelier je suis en train de me re/cueillir, cueillir une nouvelle idée et l’apprivoiser.
Je suis seule dans mon atelier mais jamais solitaire les idées m’accompagnent et me font la courte échelle pour grimper dans mes rêves de lune d’étoiles et de soleil.
Je me lève très tôt le matin pour pouvoir voir le lever du soleil, le lever de rideau d’une nouvelle journée. J’aime ce rituel quand tout est encore calme autour de moi. Assister au lever du roi soleil est un privilège que je ne voudrais surtout pas manquer ! Je le salue, s’il est maussade, je lui fais un clin d’œil, ça le ragaillardit et quelquefois je lui dis : « pas grave, ne te fais pas de soucis demain ça ira bien. »
Puis je déjeune de peu de chose : d’un thé de quelques bonnes nouvelles de quelques mots jetés sur papier de quelques croquis sur mon petit calepin, de quelques coups de pinceaux sur ma toile et d’une ou deux tartines de miel.
Puis je vais dans mon bureau atelier capharnaüm de pensées de sages accrochées ici où là, mes volets grand-ouverts sur ma campagne et après avoir salué le jour, je travaille pour le roi de Prusse : j’écris, je peins et je colle j’assemble et j’harmonise je recommence et j’ affine je mets du rose je mets du rouge je découpe des rectangles je trace des ronds des notes de musique je dessine des labyrinthes clairs où la sortie est très facile à trouver j’écris des histoires pour les petits en espérant que les grands les comprendront je colle des photographies pour en faire des poèmes je m’amuse comme une folle avec les mots je joue aux dés aux dominos et tout d’un coup je m’aperçois que d’autres se sont levés dans la grande maison, qu’ils ont faim qu’ils ont envie de me parler de goûter mes bons petits plats de regarder mes couleurs du matin. Alors vite, je m’habille me fait belle, m’active pour les autres et à l’heure dite tout est prêt.
Quelquefois en début d’après-midi une petite poudre dorée tombe dans mes yeux, une petite musique douce tombe doucement 10mn de repos total de douce béatitude et me voilà repartie. Mais déjà de nouvelles idées ont germé il faut bien les faire pousser alors je les dépose délicatement dans mon capharnaüm où les autres ne trouvent rien mais où mes petits enfants trouvent les nombreux trésors de leurs futures créations à eux.
Voilà ce que j’ai fait d’ une journée ordinaire de course réunion cuisine promenade au soleil…Juste écrire pour le plaisir, pour jouer avec les idées des autres les miennes juste pour rire pour faire semblant et croire que je vais être lue juste par curiosité ou juste pour s’amuser et penser que le lecteur encore répondra à mon écriture comme ça pour rien juste pour en faire une histoire d’inconnus qui s’écrivent juste pour voir des mots danser la sarabande pour le plaisir de sortir la nuit.
La nuit avait des yeux, le vent de longues oreilles et nul jamais ne se rassasiait des mots des autres et la nuit dévorait les mots que le jour avait mis sur sa route et le vent entendait les mots qui partaient dans la nuit à la recherche d’un écho…
Souviens-toi alors, tu es passé toi Nathanaël, et tu m'as dit:
« Que voilà de jolis mots qui coulent à flot.
Vous êtes une source, claire et vigoureuse, chantante au matin d'une sonorité cristalline, et où les rayons de l'aube ensoleillée viennent batifoler.
Je retrouve beaucoup de Gide, des nourritures terrestres, dans ces mots là, et une passion qui semble parfois en crue, qui parait vous déborder.
Voudriez- vous en faire un canal, où de lourdes péniches s'enliseraient ? Je n'en suis pas sûr, pourtant vous le dites. Vous éduquer, vous apprendre? Vous rendre vivable? Que me dites-vous là ?
Une source est une source.
Ni une fontaine apprivoisée au centre d'un village, ni l'eau du lavoir, ou de l'abreuvoir, c'est votre source-capharnaüm sauvage, et vous semblez bien ainsi... Vous accomplir dans cela qui vous dépasse sans vous contraindre.
Point d'entraves, vous qui coulez ainsi, si cela vous va bien, pourquoi changer de destin ? ».
.
Alors si maintenant tu écris que ta source est tarie, trempe ta plume dans ma source cristalline et réécrit ton histoire, ne laisse pas tes mots dormir sous ta terre
Résurgence nous ne sommes chacun que résurgence d'une source immense donnée en partage une source immense qui s'écoule et se jette dans un océan d'immensité de mots.
Une source qui est inspiration mais dans cette rosée et dans cette vapeur brumeuse, quels mots sont à privilégiés?
Mais au fait, celui qui les lit puis qui va les laisser s'écouler dans son cœur dans son âme puis qui va les laisser rejaillir comme source nouvelle résurgence d'une source cristalline celui la même qui écrit est-il un privilégier?
Ou n'est-il qu'un laborieux un infatigable passeur de mots, un simple exécutant d’une force surnaturelle, force des mots qui circulent de source en source?
D'où viennent les mots et où vont-ils?
Tels les gouttes d'eau ils viennent des nuages arrosent, s'infiltrent, font résurgence s'écoulent s'évaporent et un jour retombent
Cycle de l'eau cycle des mots.
Rien ne se crée tout est résurgence, la source jaillit de nulle part
Alors puise à cette source sortie de rien et de nulle part et tes mots réécriront une nouvelle histoire
Ne laisse pas stagner ta source de vie
Les eaux dormantes deviennent saumâtres croupies
Ta rivière de mots doit s'écouler au tempo de ta vie.
jamadrou
2. jill bill (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
Je disais donc... Un long fleuve de mots ce matin... elle est belle ta rivière, à chacun sa passion dans la vie, en vivre tant mieux, sinon ça aide à vivre cette vie pas toute rose.... merciiiii jamadrou...
3. jamadrou (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
Jill, cette page a du faire un tour poussée par le vent mais la voici à nouveau posée.
4. emma (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
le vénérable gincko pour bénir ta fébrilité, ton obsession, mais oui ce foutu cerveau n'arrête pas de mouliner, même la nuit, même encore pendant 3 jours après le dernier souffle, disent les bouddhistes, de traduire en mots impressions sensations ... bénédiction, malédiction ? ah "Nathanael, je t'enseignerai la ferveur", oui urgence parce que
"Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver"...
5. jamadrou (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
Merci Emma, je vais ajouter ton écho vers Boris Vian: cette source est belle lucide et finalement pas si cynique que ça, oui merci Emma
Le gingko comme bénédiction? ou pour ses écus d'or, ou pour sa longévité , non, juste parce que je l'aime dans mon jardin
Dormir sans rêver
Rêver sa vie en l'aimant
6. Anne-Marie (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
Ce n'est pas une source qui coule en toi, c'est une cascade, un torrent impétueux, je crois que tu as raison de ne pas chercher à la canaliser...
7. jamadrou (site web) Mercredi, 11 Septembre 2013
Anne Marie la nuit dormir près d'un torrent de montagne ne berce pas toujours.
mais merci de me donner raison, c'est bon.