Mon rêve n'est plus ce qu'il était.
Mon rêve est devenu fort comme un séquoia. Séquoia géant immense et centenaire, je cours vers lui je tape sur son tronc pour lui dire me voilà.
Et voilà que mon poing rebondit sur ce tronc, et voilà que ma main rebondit sur cette écorce et voilà qu'elle revient contre mon corps contre mon coeur.
L'arbre m'a dit: "tu m'as reconnu."
Mon rêve est devenu grand conne un ginkgo biloba. Il pousse, il s'élance vers le ciel et voyant l'automne arrivé laisse tomber ses écus d'or. Des écus destinés aux pauvres d'esprits, aux malheureux, aux égarés. Un peu de lumière n'a jamais brûlé n'a jamais fait souffrir mais a toujours toujours illuminé.
L'arbre m'a dit: "tu as bien vu."
Mon rêve s'est transformé pour aller vers tous les arbres déracinés, arbres de Judée, cèdres du Liban, arbres des pays oppressés, arbres des pays muselés, arbres de tous les pays où rêver n'est plus permis. Les petits arbres blessés couchés sur le lit des feuilles mortes des grands, pleurent leur jeunesse déchiquetée, leurs ramures amputées, leurs racines arrachées.
L'arbre m'a dit: " tu m'as vu pleurer, c'est bien tu vas témoigner."
Mon rêve n'est plus ce qu'il était, il sait.
Oui il sait que pour pousser droit l'arbre a besoin de soin, a besoin de beaucoup de lumière.
Et moi j'ai dit à l'arbre: "c'est bien
parce que moi de la lumière j'en ai trop,
j'en ai eu beaucoup trop..."
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